• Des salles silencieuses où les pas de celui qui s'avance sont absorbés par les tapis si lourds, si épais, qu'aucun bruit de pas ne parvient à sa propre oreille, comme si l'oreille elle-même était très loin, très loin de celui qui s'avance une fois de plus le long de ces couloirs, à travers ces salons, ces galeries, dans cette construction d'un autre siècle, cet hotel immense, luxueux, baroque, lugubre. Où des couloirs interminables succèdent aux couloirs, silencieux, déserts, surchargés d'un décor sombre fait de boiseries, de stuc, de panneaux moulurés, marbre, glaces noires, tableaux aux teintes noires, colonnes, encadrements sculptés de portes, enfilade de portes, de galeries, de couloirs transversaux qui débouchent à leur tour sur des salons déserts, des salons surchargés de l'ornementation d'un autre siècle...

    Des salles silencieuses où les pas de celui qui s'avance sont absorbés par les tapis si lourds, si épais qu'aucun bruit de pas ne parvient à sa propre oreille, comme si l'oreille elle-même était très loin. Très loin du sol, du tapis, très loin de ces décors lourds et vides, très loin de cette frise compliquée qui court sur le plafond, avec ses rameaux et ses guirlandes comme des feuillages anciens. Comme si le sol était encore de sable et de graviers, de dalles de pierre, sur lesquelles je m'avançais une fois de plus, comme à votre rencontre, entre ces murs chargés de boiseries, de stuc, de moulures, de tableaux, de gravures encadrées parmi lesquelles je m'avançais, parmi lesquelles j'étais déjà moi-même en train de vous attendre, très loin de ce décor où je me trouve maintenant devant vous en train d'attendre encore celui qui ne
    viendra plus désormais, qui ne risque plus de venir, de nous séparer de nouveau, de vous arracher à moi.

     

    Hypnotique, angoissant, étrange, appartenant et à la fois séparé de la réalité, comme le rêve, la construction des souvenirs, comme l'imagination qui créé des images sur ses souvenirs. La répétition des phrases hypnotise, on ne sait jamais très bien de quel temps vient la voix, de quelle scène source partent les flashbacks. On ne sait plus où on est.

     


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    Tu ne crois pas que je comprends ? Rêver vainement d'exister. Ne pas avoir l'air, être réellement. A chaque instant, consciente, vigilante. Mais un abîme sépare ce qu'on est pour les autres et pour soi-même. Sensation de vertige et désir constant d'être enfin découverte. D'être mise à nu, découpée en morceaux et peut-être même anéantie. Chaque intonation, un mensonge, chaque geste, une tromperie, chaque sourire, une grimace. Se suicider ? Oh, non ! C'est affreux. Ca ne se fait pas. Mais on peut être immobile. Et silencieuse. Au moins, on ne ment pas. On peut se replier, on peut s'enfermer en soi. Alors plus de rôle à jouer, plus de grimace à faire, plus de geste mensonger. Du moins, on croit. Mais la réalité est obstinée. Ta cachette n'est pas étanche. La vie s'infiltre partout. Tu es obligée de réagir. Personne ne se demande si c'est réel ou non, si tu es vraie ou fausse. Il n'y a qu'au théâtre que ces questions comptent. Et encore... Je te comprends, Elisabet. Je comprends que tu te taises, que tu sois immobile. Que tu aies monté cette apathie en un système fantastique. Je te comprends et je t'admire. Tu devrais jouer ce rôle jusqu'à ce qu'il soit épuisé. Qu'il ait perdu tout intérêt. Alors tu l'abandonneras. Comme, petit à petit, tu as quitté tes autres rôles.

     

     

     

     


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  • Une atmosphère sur le fil du rasoir, qui installe dés le début une sorte d'angoisse sourde dans un monde qui semble calme.
    Du gore présent mais avec un usage modéré en définitive. Moi qui suit plus que sensible à ce genre de choses, je n'ai détourné les yeux que cinq minutes au grand maximum sur 2h00. Que dire de plus ?
    Insoutenable, étourdissant, à couper le souffle. Magistral !


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    Les vampires sortent de leur tombe. Après True Blood et sa blonde héroïne télépathe, voici Twilight, sorti tout droit du livre d'un sombre inconnu qu'on annonce parait-il comme le nouveau J.K Rowling. Et que voila à sa suite le bagage indispensable à tout film sur les vampires. Soyons honnêtes : nous sommes samedi soir, la ville est froide, l'interieur des bars nous a chassé dehors depuis plus d'un an, nous autres fumeurs alors pourquoi pas la chaleur d'une salle obscure et le divertissement facile d'un nouveau film à succés. Les attentes ne sont pas vertigineuses, le décor est planté : relation ambigue entre une jeune fille en fleur et un vampire. Bon, nous savons à quoi nous attendre. Quoi de plus banal finalement que cet eternel mythe du vampire séduisant, tourmenté par sa condition et de la jeune fille aux longs cheveux qui succombe à ce charme mysterieux. Nous nous asseyons dans le noir, avec en tête le murmure délicieux d'une promesse implicite : deux heures de fantasme facile devant ce stéréotype du héro torturé, aux joues creusées et machoires dessinées, à la bouche parfaite et aux yeux sombres. Twilight est un film pour filles qui réunit avec brio tout ce qui fait frémir l'adolescente de base. Soit, c'est bien aussi parfois. Le basique, le primaire.

    Le film commence, une biche boit dans une forêt d'un vert un peu louche jusqu'à qu'un bruit derrière elle la fasse fuire. Accélération, pauvre biche perdue, traquée et capturée par un homme que l'on ne voit que très vite. Voix off, une fille brune dans le soleil, entourée de sable et de cactus qui dit un truc du genre "Je n'avais jamais pensé au moment de ma mort. Mais mourir à la place d'un être cher me semble être une situation enviable". Ambiance journal intime, ça va toujours plus vite de placer l'héroïne en narratrice, qui, placée dans un futur inconnu, va nous commenter ce qu'elle a vécu.

    A noter que le vampire a changé d'allure : c'est un peu, comment dire, le vampire ikéa. Le vampire est blond, type suédois, sa peau est si pâle qu'elle tend vers le translucide, et il arbore avec plaisir des vêtements blancs, à peine plus clairs que sa peau. De surcroit il se balade en plein jour dans la cafeteria bondée d'un lycée américain, alibi : l'état de Washington est le plus humide des Etats-unis, il pleut à longueur de temps et l'on voit rarement le soleil. Le vampire a l'air gai et en pleine forme. Bon, très bien. Ils sont 5 à débarquer, le temps s'arrète une seconde, l'image se ralentit lorsque Bella, la jolie brune apperçoit apperçoit Edward Cullen. Attraction immédiate et irrepressible.

    Dans les premières dix minutes, le sort est jeté. Bella et Edward sont fous d'amour l'un pour l'autre et il reste 2h00 pour développer le thème. Je tiens particulièrement à féliciter les personnes qui semblent avoir travaillé très dur sur les dialogues et également ceux qui, eux aussi, semblent avoir travaillé dur à les traduire en français. Fou rire irrepressible devant des répliques qui vont j'espère rentrer dans la mythologie de la phrase toute faite, dans le culte des clichés enfilés comme des perles les uns à la suite des autres. Des répliques comme :

    " - Tu aimes la pluie ?
    - Non, j'aime pas trop tout ce qui est humide et froid. "

    Ou encore ...

    " - Et voila que le lion s'est finalement épris de l'agneau.
    - Comme l'agneau est stupide ...
    - Et comme le lion est masochiste ..."

    Autre nouveauté : au soleil le vampire ne brûle pas, non, sa peau se met à scintiller de milles feux, "comme des diamants" nous dit l'exquise Bella, emerveillée devant la beauté irréaliste de ce corps qui étincèle, du front jusqu'au ventre dessiné par une chemise à demi ouverte. Ce qui donne l'occasion à Edward de nous donner un apperçu de son talent d'acteur indéniable, à base de " Je suis un monstre, j'ai été créé pour te séduire, de mon corps jusqu'à mon odeur. Comme si tu pouvais m'échapper (il saute autour d'elle de collines en collines avec une rapidité inhumaine), comme si tu pouvais me vaincre (il arrache du sol la racine gigantesque d'un arbre) ". Belle performance ...

    Plus de cercueil et de maison mysterieuse. La jolie maison toute carrée de cette famille un peu particulière semble elle aussi être tout droit sortie d'un catalogue de meubles designs. Chaque moment du film où le spectateur frémit dans le noir en se laissant aller à la beauté triste de l'instant où ces amoureux se rapprochent et se cherchent, se heurtant à l'impossibilité cruelle de leur relation est gaché par des dialogues tellement stupides et téléphonés que la seul sensation qui nait au fond du ventre est un rire incontrolable. Nous avons finalement passé  un si bon moment à rire dans le noir et ensuite dehors, en se refaisant les répliques les plus ridicules du film que nous nous sommes promis de revenir pour le prochain, avec l'espoir d'une récolte de niaiserie et de mivrerie aussi importante que celle-ci. Heureusement, il reste trois films à venir pour renouveler le plaisir.

    En conclusion, le seul intérêt de ce film est la beauté de son acteur principal et la traduction desastreuse des dialogues. Je pense qu'il faut tout de même s'estimer heureux : certains n'arrivent parfois même pas à réunir ça ...


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    Je ne sais jamais vraiment trop comment parler de cette série. Ce qui est sur, c'est que Six feet under est la meilleure série que j'ai jamais vu, incontestablement. La série qui rend accro, la série que je peux commencer à 22h et finir à 7h du matin en ayant l'impression que seulement cinq minutes se sont écoulées. Tout ça est evidemment seulement subjectif. Ce qu'il y a d'un peu moins subjectif, ce sont des acteurs formidables, des personnages qui semblent si réels qu'on s'attendrait presque à les croiser dans la rue, des scénarios sans fautes, beaucoup d'humour. Bref, un tout hypnotique et addictif, qui laisse cette frustration des choses qui s'arrètent alors qu'on en voudrait encore. Encore, encore, encore.

    (La vidéo ne dit pas grand chose, mais je n'en trouve pas de potable alors ...)


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