• Twilight ou la meilleure comédie accidentelle du moment.

     

    Les vampires sortent de leur tombe. Après True Blood et sa blonde héroïne télépathe, voici Twilight, sorti tout droit du livre d'un sombre inconnu qu'on annonce parait-il comme le nouveau J.K Rowling. Et que voila à sa suite le bagage indispensable à tout film sur les vampires. Soyons honnêtes : nous sommes samedi soir, la ville est froide, l'interieur des bars nous a chassé dehors depuis plus d'un an, nous autres fumeurs alors pourquoi pas la chaleur d'une salle obscure et le divertissement facile d'un nouveau film à succés. Les attentes ne sont pas vertigineuses, le décor est planté : relation ambigue entre une jeune fille en fleur et un vampire. Bon, nous savons à quoi nous attendre. Quoi de plus banal finalement que cet eternel mythe du vampire séduisant, tourmenté par sa condition et de la jeune fille aux longs cheveux qui succombe à ce charme mysterieux. Nous nous asseyons dans le noir, avec en tête le murmure délicieux d'une promesse implicite : deux heures de fantasme facile devant ce stéréotype du héro torturé, aux joues creusées et machoires dessinées, à la bouche parfaite et aux yeux sombres. Twilight est un film pour filles qui réunit avec brio tout ce qui fait frémir l'adolescente de base. Soit, c'est bien aussi parfois. Le basique, le primaire.

    Le film commence, une biche boit dans une forêt d'un vert un peu louche jusqu'à qu'un bruit derrière elle la fasse fuire. Accélération, pauvre biche perdue, traquée et capturée par un homme que l'on ne voit que très vite. Voix off, une fille brune dans le soleil, entourée de sable et de cactus qui dit un truc du genre "Je n'avais jamais pensé au moment de ma mort. Mais mourir à la place d'un être cher me semble être une situation enviable". Ambiance journal intime, ça va toujours plus vite de placer l'héroïne en narratrice, qui, placée dans un futur inconnu, va nous commenter ce qu'elle a vécu.

    A noter que le vampire a changé d'allure : c'est un peu, comment dire, le vampire ikéa. Le vampire est blond, type suédois, sa peau est si pâle qu'elle tend vers le translucide, et il arbore avec plaisir des vêtements blancs, à peine plus clairs que sa peau. De surcroit il se balade en plein jour dans la cafeteria bondée d'un lycée américain, alibi : l'état de Washington est le plus humide des Etats-unis, il pleut à longueur de temps et l'on voit rarement le soleil. Le vampire a l'air gai et en pleine forme. Bon, très bien. Ils sont 5 à débarquer, le temps s'arrète une seconde, l'image se ralentit lorsque Bella, la jolie brune apperçoit apperçoit Edward Cullen. Attraction immédiate et irrepressible.

    Dans les premières dix minutes, le sort est jeté. Bella et Edward sont fous d'amour l'un pour l'autre et il reste 2h00 pour développer le thème. Je tiens particulièrement à féliciter les personnes qui semblent avoir travaillé très dur sur les dialogues et également ceux qui, eux aussi, semblent avoir travaillé dur à les traduire en français. Fou rire irrepressible devant des répliques qui vont j'espère rentrer dans la mythologie de la phrase toute faite, dans le culte des clichés enfilés comme des perles les uns à la suite des autres. Des répliques comme :

    " - Tu aimes la pluie ?
    - Non, j'aime pas trop tout ce qui est humide et froid. "

    Ou encore ...

    " - Et voila que le lion s'est finalement épris de l'agneau.
    - Comme l'agneau est stupide ...
    - Et comme le lion est masochiste ..."

    Autre nouveauté : au soleil le vampire ne brûle pas, non, sa peau se met à scintiller de milles feux, "comme des diamants" nous dit l'exquise Bella, emerveillée devant la beauté irréaliste de ce corps qui étincèle, du front jusqu'au ventre dessiné par une chemise à demi ouverte. Ce qui donne l'occasion à Edward de nous donner un apperçu de son talent d'acteur indéniable, à base de " Je suis un monstre, j'ai été créé pour te séduire, de mon corps jusqu'à mon odeur. Comme si tu pouvais m'échapper (il saute autour d'elle de collines en collines avec une rapidité inhumaine), comme si tu pouvais me vaincre (il arrache du sol la racine gigantesque d'un arbre) ". Belle performance ...

    Plus de cercueil et de maison mysterieuse. La jolie maison toute carrée de cette famille un peu particulière semble elle aussi être tout droit sortie d'un catalogue de meubles designs. Chaque moment du film où le spectateur frémit dans le noir en se laissant aller à la beauté triste de l'instant où ces amoureux se rapprochent et se cherchent, se heurtant à l'impossibilité cruelle de leur relation est gaché par des dialogues tellement stupides et téléphonés que la seul sensation qui nait au fond du ventre est un rire incontrolable. Nous avons finalement passé  un si bon moment à rire dans le noir et ensuite dehors, en se refaisant les répliques les plus ridicules du film que nous nous sommes promis de revenir pour le prochain, avec l'espoir d'une récolte de niaiserie et de mivrerie aussi importante que celle-ci. Heureusement, il reste trois films à venir pour renouveler le plaisir.

    En conclusion, le seul intérêt de ce film est la beauté de son acteur principal et la traduction desastreuse des dialogues. Je pense qu'il faut tout de même s'estimer heureux : certains n'arrivent parfois même pas à réunir ça ...


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