• Dans Paris, c'est ce genre de film dont on ne saurait vraiment dire si on l'a aimé ou pas. Ce qui est peut-être le plus réussi, c'est cette écriture, ce sont ces dialogues qu'on imagine pas vraiment avoir dans la vie. Un langage plus écrit que parlé. Bien écrit, vraiment. Mais il y a une certaine froideur dans ce film, un défaut du coté de l'émotion. Une alchimie qui ne s'est pas faite pour une raison que je ne pourrais pas expliquer.

    Ça vaut quand même la peine de le voir, je suppose. Rien que pour les dialogues.


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  • . - John t'a certainement déjà parlé de notre soeur Claire. Non ? Faux pas lui en vouloir. Certains silences sont comme des sagesses tu sais. Bref.

    Nous avions une soeur. Claire. Et ... J'me souviens d'elle passant une ou deux fois par moi, des journées entières le nez dans un mouchoir à pleurnicher. Rien n'pouvait la détourner de son chagrin. Ni les meilleures blagues, ni les grandes confessions. Toute tentative de la distraire était vaine. Et c'est parc'qu'il n'y'avait pas de raison à ces pleurs, c'est elle même qui le disait, sinon une tristesse très vieille, si vieille qu'elle l'avait probablement ressenti la première fois dans une vie anterieure. Au moyen âge ou ... au temps des rois fainéants.

    Et depuis, vois-tu, sa tristesse revenait, à fréquence régulière. Impossible pour Claire d'y échapper. Inutile. Elle appelait ça ses jours de chiale, elle les accueillait en rigolant, comme des cousines et ses yeux restaient mouillés. J'aurais pu l'étrangler ces jours-là, à ne pas pouvoir l'aider. J'me sentais tellement humilié. Comme si elle me forçait à éprouver mon impuissance envers le malheur des autres.

    - Tu veux dire qu'elle pleurait pour t'énerver ?

    -J'prétends pas qu'c'était contre moi, mais juste elle pleurait comme un bouddha ou une divinité du genre. Et c'est impossible pour les autres d'admettre qu'on puisse pleurer de cette manière-là, avec ce sourire.

    Et puis un jour, Claire s'est tuée, elle avait dix sept ans. Et tout l'monde a été tellement surpris. J't'assure. Avant le chagrin c'est l'étonnement qui est arrivé dans notre maison. Elle était belle, ma soeur. Et heureuse. Et tout avec elle se faisait en communion, tu comprends ? Elle partageait tout. Et c'était ça, justement, ses jours de chiale. Et moi je crois que ce sont ces très vieilles tristesses qui l'ont tuée. J'crois qu'on sous-éstime énormément nos tristesses en général.

    On meurt toujours de tristesse en fait.

    - Tu veux dire que la tristesse est installée en nous depuis notre naissance ?

    - Oui

    - Comme ... la couleur des yeux ?

    - Oui. Exactement. Et c'est pour ça qu'il faut en prendre soin. Et pour ce soin, les autres ne peuvent rien. Personne ne peut rien pour ou contre notre couleur des yeux. Aussi je pense qu'il serait juste que je te laisse seule prendre soin de ta tristesse.

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    -Vous êtes heureuse en fait ?
    -Mais pourquoi vous m'posez toutes ces questions ?
    -Eh ben vous allez être surprise. Mais c'est pour avoir des réponses.
    -Mais vous. Vous pourriez répondre à ça ? Vous êtes heureux ?
    -Non. Mais c'est pas c'que j'cherche.
    -Ah bon. Vous chercher plutôt à être malheureux ?
    -Disons que j'ai une prédisposition tragique.
    -Alors il peut rien vous arriver d'bien ?
    -Non. Enfin si, peut-être. Rencontrer des gens.

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