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    J'aimerais raconter un peu. Parce qu'écrire a toujous été une sorte de nécessité, d'ombre discrète et pourtant brutale qui ne cesse de me suivre. Je vois tout en mots, je dissèque d'instinct chaque émotion ou pensée qui me traverse, j'essaie, je récite dans ma tête les combinaisons de mots qui me viennent. J'imagine ce que serait chaque chose qui m'entoure couchée sur le papier.

    Rien ne fait vraiment partie de moi s'il ne me vient pas de mots pour enrober son existence. La rendre palpable, expliquable.

    J'aimerais raconter en passant au dessus de cette banalité affligeante de mes sentiments et de mes réactions, et juste à cet instant me vient l'idée que chaque chose que je ne peux pas écrire revient à décider délibérément de l'oublier. C'est ça, choisir sa mémoire en n'écrivant que ce dont on est capable de se souvenir sans gène. C'est évident, si je bute sur les mots c'est que le sujet m'échappe, me trouble et que ma pensée n'a pas vraiment envie de percer son mystère.

    J'aimerais raconter, mais qu'est-ce qu'il y à dire finalement, qu'est ce qu'il y a de si important;

    Je ne saurais dire depuis quand, mais quelquechose s'est arrété lorsque je pense à lui, quelquechose ne tourne plus, ne cogne plus dans mon ventre. J'ai perdu l'impression de vertige, j'ai perdu l'angoisse, j'ai perdu l'envie de m'y attarder. Et je bute une fois encore. La sensation m'échappe autant que la façon dont je pourrais la rendre lisible.

    Ca m'échappe.

    Je sais bien c'que ça veut dire, c'est juste que je ne veux pas croire que j'oublis déjà.


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  • Parc'qu'on se sent minable avant de s'y frotter

    Au point que le sentir

    Aussi près fasse douter

    Au point que le trouver

    Fait se sentir coupable ou méfiant car enfin

    On était si minable

     

    L'amour est très surrestimé


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    Mardi 5 aout / 04:25

    Comment dire. Comment expliquer. Quels mots pour décrire.
    Je suis seule et je voudrais être avec d'autres. Je suis avec d'autres et je voudrais être seule. Rien ne me distrait, je suis comme aspirée à chaque instant vers la seconde d'après, vers la minute d'après, mon esprit y cherchant une réponse et un repos qui demeurent introuvable. C'est un mauvais film, un mauvais film du dimanche soir devant lequel on reste par dépit, par paresse, sans jamais que notre attention s'y fixe vraiment.
    Ma tête, mes jambes, mes mains, mon corps entier, tout s'agite vers un autre chose qu'il faudrait trouver dans l'écoulement du temps. Un autre part.
    Je regarde mon téléphone silencieux d'un air incrédule.
    Rien ne se passe, je m'agite dans mon ennui. J'attends. Je m'observe, je m'imagine, moi et les choses auxquelles j’aspire sans vraiment y croire.
    Je conditionne mes pensées pour qu’elles reviennent toujours aux mêmes images fictives, aux mêmes souvenirs inventés, aux mêmes instants fixés dans un temps que je n’ai pas vécu. Jusqu’à ce que j’en rêve la nuit. Des tendresses que ma peau appelle sans réponse. Ma peau, la leur.
    Et j’en crève bordel, j’en crève, de ces images d’épinal qui me restent derrière les paupières, de ces moments arrétés par l’esprit qui tournent dans ma tête. Un putain de disque rayé.
    Je mélange vrai, faux, possible, probable, irréel. Je me saoule de cette contemplation triste des images que je créé.

    Je suis suspendue au téléphone. Et c’est vraiment merdique de se retrouver dans cet état là. Il est cinq heure. Est-ce que Paris s’éveille ?


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    20 Juillet 2008, 01:40

    Il arrive forcément un moment où l'on fait l'experience de l'ennui. De cet ennui qui recouvre toute les choses, les lieux et les occupations qui ne sont pas lui. C'est bête. L'intensité de cet état. Je traine. Rien ne me distrait, mes pensées font le même chemin encore et encore. Reviennent au même visage, aux mêmes yeux.

    J'en regretterais presque les matins à dormir, je me dirais presque que deux jours c'est beaucoup trop pour un week end, qu'il me manque l'enjeux. Qu'il me manque le doute. Qu'il me manque la question posée. Le oui ou non. Le gouffre qu'on envisage, qu'on observe, qu'on s'imagine sauter.

    Je me dis que je déteste les jours à n'avoir rien que des bribes d'image à jeter en pature à mes pensées.

    Lundi. Lundi. Lundi ...

    Je n'ai jamais su trop bien décrire les gens, ou ce qui donne le vertige à propos d'eux. Sans doute parce que je ne trouve pas l'unicité, que chaque trait ou particularité qui me renverse trouve son écho dans un mot générique qui ne recouvre jamais tout à fait la sensation, parce qu'il pourrait convenir à un tas d'autres.

    Il faut trouver des mots pour lui, des mots qui n'auraient plus d'autre choix que de coller à sa peau et de lui appartenir, des enchainnements qui ne trouveraient de sens que dans sa seule personne. Ou il faudrait se résigner à dire que ses yeux hésitent entre vert et brun, que ses mains sont longues et fines, qu'à chaque silence il jette son regard au loin vers quelquechose que lui seul semble distinguer. Qu'à chaque silence il a l'air perdu et un peu triste.

    Qu'il essaie de me faire rire.

    Ses yeux ont une gravité mysterieuse qui tranche avec cette desinvolture qu'il essai d'adopter lorsqu'il est pris dans l'accomplissement des taches qu'on nous a donné, lorsqu'il est emmélé dans cette répétition des choses à faire, lorsqu'il ne pense pas à autre chose qu'au timbre à poser bien droit sur l'enveloppe. Puis il s'arrète, il se tait, il regarde à nouveau au loin vers ce que la journée de travail lui avait fait oublier. Il s'échappe et on ne peut plus l'atteindre.

    Mais peu importe que je puisse lui trouver toute la beauté du monde, ça ne durera pas. Ca ne dure jamais. Ces moments de tension se finissent toujours dans une vague impression de fané, dés qu'on s'attarde trop, ces moments finissent dés que je me met à penser que ça n'arrivera pas, que j'ai le reste de mes jours pour imaginer mes mains sur sa nuque.

    Pourtant je m'ennuie, le dégout qui s'échappe des questions qui ont trouvées trop tôt leurs réponses n'est pas encore sur le pas de ma porte. Je m'ennuie de sa simple présence, du simple fait d'être assise avec lui, les yeux sur les caisses d'enveloppe qu'il reste à tamponner, à timbrer. Je m'ennuie du travail que je fais avec lui. Je m'ennuie de cette attraction terrible qui me pousse vers lui.

    Il essaie de me faire rire, me regarde exactement comme il ne faudrait pas. Il ne sait pas qu'il est beau, il dit qu'il est en rigolant, comme pour trouver la réponse à une question, il s'amuse à faire croire qu'il a confiance.

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    18 Juillet 2008, 03:24

    L'autre vie, on y pense jamais dans ces termes. C'est un passage qu'on feint d'avoir oublié, c'est un gouffre que l'on oublie par paresse et par confort. J'étais là-bas, je suis ici, et rien d'autre à dire. Les rideaux fermés sur les arbres les jardins et l'abbaye, la musique effaçant tout autre bruit. On croirait presque que l'on a toujours été ici.

    La mère qu'on veut oublier, dont on veut tuer l'émotion et la difficulté de l'épreuve qu'elle tente maladroitement de cacher. La mère, on veut oublier sa solitude devinée, sa vie de travail et de chats s'enroulant à ses pieds. On voudrait tout cacher, enterrer, nier le lieu qu'on a quitté à cause de cette tristesse de la chambre vide, des pièces qu'on a habité.

    L'autre vie, on y est, c'est maintenant, à l'instant, aujourd'hui et pour l'avenir. Ca n'est plus l'autre vie mais celle que l'on a. Ca n'est plus le fantasme mais le quotidien.

    Je traîne sans goutter ce bonheur des choses que l'on a espéré, je traine avec cette banalité, cette normalité qui enveloppe les murs et les meubles. Chez moi. C'est chez moi.

    Je travaille. Je pars le matin dans cette ville de juillet, endormie sous un manteau gris. Je pars dans le bruit familier et rassurant des voitures qui circulent, des gens serieux qui se dirigent vers on ne sait où. J'imagine. Pourquoi est ce qu'ils sont là, quelle raison mysterieuse les a poussé hors du lit, hors de la pénombre et des rideaux tirés.

    Moi je travaille, je prends le bus place de l'ancienne boucherie, je m'arrète devant le rectorat.

    Je passe la journée à trier, à me répeter silencieusement l'alphabet. Marie avant Martin avant Prevost avant Viard. J'aime travailler, j'aime ranger tous ces relevés de notes, j'aime lire les noms et imaginer les visages.

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