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    Une porte en se fermant me troubla, et, levant les yeux, je vis que ma cousine avait quitté la chambre. Mais la chambre dérangée de mon cerveau, le spectre blanc et terrible de ses dents ne l'avait pas quitté et n'en voulait pas sortir. Pas une piqûre sur leur surface, - pas une nuance de leur émail, - pas une pointe sur leurs arêtes que ce passager sourire n'ait suffi à imprimer dans ma mémoire ! Je les vis même alors plus distinctement que je ne les avais vues tout à l'heure. - Les dents ! - les dents ! - Elles étaient là, - et puis là, - et partout, - visibles, palpables devant moi; longues, étroites et excessivement blanches, avec des lèvres pâles se tordant autour, affreusement distendues comme elles étaient naguère.

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    "Parfois il me semble qu'à l'interieur de moi quelque chose fait défaut, un fil inversé, une pièce défectueuse, une erreur de fabrication, non pas quelque chose en plus, comme on pourrait le croire, mais quelque chose qui manque."

    No et moi - Delphine de Vigan


    Oui, quelque chose qui manque. Quelque chose de subtil, qui devrait se glisser dans les gestes et dans la voix. Et qui n'y est pas. Qui n'y est décidément pas. Ca n'est évidemment rien que je sache décrire et même identifier chez d'autres de qui je sais que cette chose ne leur manque pas. Comme si elle était inséparable de leur chair et de tous les éléments qui les façonnent tels qu'ils m'apparaissent. Aucun phénomène qui puisse être observé individuellement d'un autre. Rien de tangible, peut-être même rien de conscient. Rien de palpable.

    Je n'éxiste pas. Je n'éxiste pas au travers d'autre chose que des mots. Chaque syllabe que je prononce sonne faux lorsque j'y pense. Comme si, avec les sentiments les plus réels, je n'étais capable d'aucune sincérité. D'aucune justesse. D'aucune vérité qui ne soit pas déguisée d'un artifice quelconque.

    Je ne suis pas moi, même quand j'essaie. Je plie sous les regards, sous les attentes floues de ceux que mes paroles atteignent. Pas que je sois un mensonge tout entier, non, juste une silhouette mal dessinée, mal dégrossie, que rien ne distingue d'une autre.

    J'étouffe tout en dessous de moi. La colère. L'angoisse qui fourmille chaque jour un peu plus sans que je puisse en identifier la cause. Je ne sais qu'être victime des choses et surtout de moi-même.

    Je ne sais pas vivre. Ca doit être ça, la chose qui manque. Je ne sais pas faire tourner les choses dans un sens supportable. Je dérive. Avec mes ivresses silencieuses et ce désir qui me ferait parfois perdre pied. Qui ferait presque fléchir mes jambes. Tout cet indicible qui trouble mon regard et le vide en une seconde lorsqu'il en croise un autre. Tout cet amoncellement de détails qui me font moi et dont je suis honteuse à chaque seconde.

    Ces détails qu'on ne peut jamais montrer. Par pudeur, par peur, par habitude. Il serait même tout à fait cohérent de faire le raccourcis : tout ce que m'évoque ma singularité (et quand je dis singularité ...), c'est de la peur est de la honte. Je réclame qu'on m'aime et qu'on me trouve quelquechose qu'il n'y aurait pas ailleurs, mais tout ça sans jamais montrer ce qui justifie une telle attente.

    Tout ça sans jamais pouvoir me défaire totalement de ce sentiment d'humiliation qui accompagne la mise à nue. Humiliation anticipée face à ceux qui pourraient s'en détourner.

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    C'est lorsque les oiseaux se mettent à chanter que je reviens à la réalité.

    Il est 5 heures. Et j'ai rien fait de la nuit. Je ne me lèverai pas demain.

    C'est toujours pareil ...

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    J'étais assise, caressant distraitement le livre que j'avais dans les mains. Me disant ça y est, il est à moi. L'histoire m'appartient et fait partie de ma propre histoire. C'est comme ça les livres et la vie inventée de ceux qui les peuplent, il arrive un moment où ils font partie de nous. Où il faudrait parler d'eux si l'on s'était désigné comme tache de dresser la liste exhaustive de ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes. L'histoire dans une histoire, en quelques sortes.
    C'était juste le moment où je me disais que si l'on voulait savoir un jour de quoi j'étais faite, il faudrait parler de No et moi, comme d'un tas d'autres livres.
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    -Vous êtes heureuse en fait ?
    -Mais pourquoi vous m'posez toutes ces questions ?
    -Eh ben vous allez être surprise. Mais c'est pour avoir des réponses.
    -Mais vous. Vous pourriez répondre à ça ? Vous êtes heureux ?
    -Non. Mais c'est pas c'que j'cherche.
    -Ah bon. Vous chercher plutôt à être malheureux ?
    -Disons que j'ai une prédisposition tragique.
    -Alors il peut rien vous arriver d'bien ?
    -Non. Enfin si, peut-être. Rencontrer des gens.

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