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    C'était à ce moment où la conscience revient, doucement. D'abord les sons, lointains. Des corps qui bougent, des machines, des voix dans la pièce. J'imagine que j'ai du ouvrir les yeux et que le monde s'est reconstruit autour de moi comme un puzzle, mon corps avec. Et cette douleur qui rappelait à moi la réalité des choses. Un caillou dans mon rein, c'est ça, un caillou minuscule qui me plie en deux. Une salle de réveil, des lits alignés où reviennent à eux des corps sous anesthésie. Des infirmières qui papillonent, parlent fort, vont d'un lit à l'autre.

    Je ne sais plus bien comment, je me suis retrouvée assise sur le lit. A coté de moi une infirmière. Elle m'a fait parler. Il y avait quelque chose de triste et de fatigué dans ses yeux qui souriaient quand même. Une douceur. Une chaleur qui me posait face à elle en égale. En être humain.

    " C'est bien de voir quelqu'un qui peut sourire dans ces moments-là. "

    Oui, je souriais, deja consciente de cette chose qu'elle me donnait, peut-être sans bien s'en rendre compte. Ces yeux qu'elle posait sur moi et qui m'enveloppaient d'une bienveillance calme. Comme si elle me reconaissait, comme si il y avait entre nous quelque chose de silencieux et que nous comprenions. Seules dans la confidence. Quelque chose qui faisait que j'étais moins nue, moins seule. Et je l'aimais pour ce cadeau.

    Elle avait l'air si triste, ma petite infirmière de salle de réveil. Et je crois bien qu'il me restera toujours son regard, cette bonté dans ses gestes. Cette douceur. Et j'aurais tellement voulu la remercier.


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    Parce que parfois c'est agréable, de se dire qu'il éxiste des gens là-dehors qui sont capables d'êtres aussi ridicules que vous dans certaines situations, même avec les meilleures intentions du monde.

    Des anecdotes, parfois avec légereté, d'autres fois plus de serieux. Toujours est-il que c'est fort agréable de lire les déboires des autres, compatissante, et de se dire qu'il y a potentiellement beaucoup d'oreilles attentives prête à écouter les votres.

    >> Vie de merde <<


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    Je n'suis plus celle qui s'accrochait à vos lèvres
    Je n'suis plus l'élève la plus impopulaire
    Je n'suis plus celle qui vous fuyait du regard
    Je n'fais plus vraiment le même genre de cauchemar


    C'est plus pareil
    De quelle manière
    Je crève de n'pas savoir comment
    J'attend mon heure
    Là ou ailleurs

    Comme ceux dont j'ai oublié le nom

    Je n'suis plus la fille qui préférait se taire
    Je n'suis plus l'élève la plus impopulaire

    J'achète des billets de train pour voir la mer
    Comme une parisienne à peu près ordinaire

    (...)

    Je n'suis plus dans l'ombre des arrières boutiques
    À dessiner des cercles parfait sur les vitres
    À recompter mes doigts a l'infini
    J'ai perdu le goût de ces choses là depuis


    (...)

     

    >> Holden <<


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    J'ai convoqué l'arme ultime, j'ai appelé le secour de cette seule chose qui peut faire taire d'un seul coup le bruit du monde, la vie au dehors, l'appitoiement silencieux sur les tracas secondaires.

    Une fille se noie derrière l'écran lisse de la télévision. Elle se noie dans la cabine étanche d'un taxi qui se remplit d'eau. On entends à intervalle régulier le bruit du souffle qu'elle reprends, la bouche entrouverte hors de l'eau qui menace de la submerger.

    J'ai collé sur mes oreilles les chansons d'autrefois, les chansons de cette tristesse alors inconnue, qui résonnait, douce, incompréhensible, vaguement sombre. Mais loin, très loin du coeur.

    Il est à demi dehors, un pied à l'interieur, un pied sur le petit balcon triangulaire qui prolonge le salon. Entre deux bouffées de tabac, il jette son oeil vers l'écran. Je ne sais plus vraiment ce qu'il dit, un truc du genre " C'est jolie ça ! ", en regardant la fille qui chante encore un peu avant d'être aspirée par cette eau venue de nul part. Moi aussi je l'aime bien, cette chanson.

    A l'interieur du gilet de laine brun, je ferme les yeux. J'espere toujours y trouver une trace, une preuve que cette laine, un jour, a couverte ses épaules. Je regarde la fumée s'échapper de ma bouche, figée par la lumière en d'épaisses et blanches volutes. Et je pense au tableau accroché au mur, là-bas, au fond de la pièce, que je ne peux pas voir. Je le reconstitue de mémoire. Son visage penché, les yeux presque clos et cette expression à la fois douce et concentrée.

    Il porte ce peignoir hideux, rayé rouge et orange et vert. Le soleil s'écrase contre les murs. C'est juste une après-midi, comme ça, banale. Je suis sur le canapé et j'écoute une fille parler d'un homme qui lui en préfère une autre, je l'écoute chanter puis se noyer à l'arrière d'un taxi.

    L'image est nette. Dans ces moments-là, je me dis que je ne pourrai pas me lever demain, qu'il m'est impossible de respirer encore même une seule seconde dans un monde où il n'éxiste plus. Je me dis, ça sera toujours comme ça. Jusqu'à la fin de ma vie, ce sera toujours irrespirable. J'aurai toujours neuf ans et jamais en pensée je ne quitterai ce salon, où d'autres vivent aujourd'hui comme si c'était chez eux.

    Je serai à jamais assise sur ce canapé, et lui dans l'embrasure de la porte fenêtre, la cigarette au bord des lèvres. Il est six heures et demi, je fume une marlboro light et je me dis "A la tienne, Papa !"


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    C'était tout juste après la guerre,
    Dans un p'tit bal qu'avait souffert.
    Sur une piste de misère,
    Y'en avait deux, à découvert.
    Parmi les gravats ils dansaient
    Dans ce p'tit bal qui s'appelait...
    Qui s'appelait...
    qui s'appelait...
    qui s'appelait...

    Non je n'me souviens plus
    du nom du bal perdu.

    Ce dont je me souviens
    C'est de ces amoureux
    Qui ne regardaient rien autour d'eux.
    Y'avait tant d'insouciance
    Dans leurs gestes émus,
    Alors quelle importance
    Le nom du bal perdu ?
    Non je ne me souviens plus
    du nom du bal perdu.
    Ce dont je me souviens
    c'est qu'ils étaient heureux
    Les yeux au fond des yeux.
    Et c'était bien...

    Et c'était bien...

    Ils buvaient dans le même verre,
    Toujours sans se quitter des yeux.
    Ils faisaient la même prière,
    D'être toujours, toujours heureux.

    Parmi les gravats ils souriaient
    Dans ce p'tit bal qui s'appelait...
    Qui s'appelait...
    qui s'appelait...
    qui s'appelait...

    (...)

    Et puis quand l'accordéoniste
    S'est arrêté, ils sont partis.
    Le soir tombait dessus la piste,
    Sur les gravats et sur ma vie.

    Il était redevenu tout triste
    Ce petit bal qui s'appelait,
    Qui s'appelait...
    qui s'appelait...
    qui s'appelait...

    Non je ne me souviens plus
    du nom du bal perdu.
    Ce dont je me souviens 
    C'est de ces amoureux
    Qui ne regardaient rien autour d'eux.
    Y'avait tant de lumière,
    Avec eux dans la rue,
    Alors la belle affaire
    Le nom du bal perdu.
    Non je n'me souviens plus
    du nom du bal perdu.
    Ce dont je me souviens
    c'est qu'on était heureux
    Les yeux au fond des yeux.
    Et c'était bien...

    Et c'était bien.

    Une jolie chanson pour une triste soirée ...


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