•  

    Je pense à toi qui n'éxistes plus. Comme il serait plaisant d'imaginer qu'une partie de toi se loge encore quelque part, dans un endroit dont nous, ceux qui vivent, ne pouvons qu'imaginer l'éxistence. Pourtant j'ai la certitude qu'aucune fumée blanche ne s'est échappée de ton corps lorsqu'il a finalement laché prise, j'ai la certitude que plus rien n'éxistes de toi si ce n'est ce qu'on a emmené au cimetière. Et encore, puis-je croire que ce qu'il y a là-bas ai quelque chose à voir avec ce que tu étais.
    Papa, cette solitude que l'on ressent, cloué au lit d'une chambre blanche par la douleur du corps, je la connais aujourd'hui. Ce hurlement de la chair que l'on retient dans sa gorge, cette nudité face à ce qui ne se contrôle pas. Et ce déchirement qui fait taire tout le reste, épuisant le corps et réduisant la pensée à quelques prières balbutiées dans le noir. Des prières qui ne s'adressent à personne d'autre qu'à la pièce vide. Ni dieu ni être humain.
    Je ne crois pas que l'amour soit éternel. N'est-il pas dénaturé au moment même de la mort puisqu'il ne demeure qu'amputé et défait de tout ce qu'il représentait ? L'amour s'en va et il n'en reste que le souvenir, photo figée à jamais, voix qui s'efface, mémoire d'un temps qui n'éxiste plus et ne reviendra pas.
    Je me souviens de cette question étrange et maladroite posée par Msr P. : "Es-tu remise ?"
    Peut-on jamais se remettre de la mort ? Qui plus est, de la tienne.
    Je pense aussi aux paroles que l'on entend, qui nous promettent la présence invisible autour de nous de ceux qui nous ont quitté, de leur éxistence dans notre coeur et je voudrais rire, Papa, parce que jamais je ne t'ai ressenti près de moi. Je ne suis pas spirituelle, diraient les convaincus et ça m'est égal. Qu'on me demande comment je peux me lever le matin si je ne crois en rien, je répondrai que je crois en l'homme, à certains hommes, et que la douleur ou l'ignorance ne m'a jamais fait pensé qu'il y ait au dehors une force surnaturelle et evanescente qui veillerait sur mon "âme" comme sur celle de tous ceux qui habitent cette terre.
    Je pense à tout ça parce que je ne dors pas. J'y pense et puis j'oublie jusqu'à me réveiller un matin avec la vérité à laquelle je m'étais habituée, tu n'es plus là et le monde continue de tourner.

    votre commentaire
  •  

    Tout ici n'est qu'étalage sans valeur ni utilité pour quelqu'un d'autre que moi. Tout ici n'est que l'image pathétique de cette vie de rat que je mène. Et de l'appitoiement, de l'impuissance, du plaisir coupable de se complaire et d'être victime. Tout ici n'est que tristesse sordide dont je finis par avoir honte. Je pensais naïvement y revenir à cause des mots, de ce désir qu'ils collent si bien à la vie qu'on ne puisse plus voir la différence. La mélodie des phrases, la précision de l'enchainnement que l'on décide dans le noir. Des lignes qui se déssinent comme autant de formules magiques, d'incatations pour changer le désespoir en perfection. L'horreur du mensonge m'est revenue en pleine figure. Il n'y a là rien qui mérite d'être regardé, les mots ne suffisent pas, les mots sont inutiles lorsqu'on en vient à ne plus savoir les poser sur quelque chose d'autre que sur nos propres drames. Il sont là comme une échappatoire grotesque à un enfer que l'on refuse de regarder, une tentative désespérée de faire taire les symptômes et d'oublier que ça ne suffira jamais. Et que par dessus eux le temps coule, s'échappe derrière les rideaux de la chambre pour n'être plus rien qu'une image floue qui deviendra presque rassurante lorsqu'on aura réussi à se rassasier de notre propre délire. J'ai cru une minute que si on se penchait sur moi, il y aurait quelque chose à voir. J'ai cru que la vie serait belle et lorsque j'ai fermée les yeux, j'ai vu des journées de paresse sur un lit défait, les bruits confus de la ville qui s'engouffraient par la fenêtre grande ouverte sur un ciel clair, un corps anonyme à peine dissimulé sous les draps et des yeux qui chauffaient ma peau si fort qu'ils eclipsaient la brûlure d'un soleil d'août. J'ai presque sentie l'odeur épaisse de la fumée et distinguée ce voile blanchâtre qu'elle posait sur la pièce. Et tout ça s'est évanoui dans la silence d'une autre nuit sans dormir où se déssine plus clairement l'évidence que du talent, je ne pense plus vraiment en avoir.


    1 commentaire
  •  

    Les vampires sortent de leur tombe. Après True Blood et sa blonde héroïne télépathe, voici Twilight, sorti tout droit du livre d'un sombre inconnu qu'on annonce parait-il comme le nouveau J.K Rowling. Et que voila à sa suite le bagage indispensable à tout film sur les vampires. Soyons honnêtes : nous sommes samedi soir, la ville est froide, l'interieur des bars nous a chassé dehors depuis plus d'un an, nous autres fumeurs alors pourquoi pas la chaleur d'une salle obscure et le divertissement facile d'un nouveau film à succés. Les attentes ne sont pas vertigineuses, le décor est planté : relation ambigue entre une jeune fille en fleur et un vampire. Bon, nous savons à quoi nous attendre. Quoi de plus banal finalement que cet eternel mythe du vampire séduisant, tourmenté par sa condition et de la jeune fille aux longs cheveux qui succombe à ce charme mysterieux. Nous nous asseyons dans le noir, avec en tête le murmure délicieux d'une promesse implicite : deux heures de fantasme facile devant ce stéréotype du héro torturé, aux joues creusées et machoires dessinées, à la bouche parfaite et aux yeux sombres. Twilight est un film pour filles qui réunit avec brio tout ce qui fait frémir l'adolescente de base. Soit, c'est bien aussi parfois. Le basique, le primaire.

    Le film commence, une biche boit dans une forêt d'un vert un peu louche jusqu'à qu'un bruit derrière elle la fasse fuire. Accélération, pauvre biche perdue, traquée et capturée par un homme que l'on ne voit que très vite. Voix off, une fille brune dans le soleil, entourée de sable et de cactus qui dit un truc du genre "Je n'avais jamais pensé au moment de ma mort. Mais mourir à la place d'un être cher me semble être une situation enviable". Ambiance journal intime, ça va toujours plus vite de placer l'héroïne en narratrice, qui, placée dans un futur inconnu, va nous commenter ce qu'elle a vécu.

    A noter que le vampire a changé d'allure : c'est un peu, comment dire, le vampire ikéa. Le vampire est blond, type suédois, sa peau est si pâle qu'elle tend vers le translucide, et il arbore avec plaisir des vêtements blancs, à peine plus clairs que sa peau. De surcroit il se balade en plein jour dans la cafeteria bondée d'un lycée américain, alibi : l'état de Washington est le plus humide des Etats-unis, il pleut à longueur de temps et l'on voit rarement le soleil. Le vampire a l'air gai et en pleine forme. Bon, très bien. Ils sont 5 à débarquer, le temps s'arrète une seconde, l'image se ralentit lorsque Bella, la jolie brune apperçoit apperçoit Edward Cullen. Attraction immédiate et irrepressible.

    Dans les premières dix minutes, le sort est jeté. Bella et Edward sont fous d'amour l'un pour l'autre et il reste 2h00 pour développer le thème. Je tiens particulièrement à féliciter les personnes qui semblent avoir travaillé très dur sur les dialogues et également ceux qui, eux aussi, semblent avoir travaillé dur à les traduire en français. Fou rire irrepressible devant des répliques qui vont j'espère rentrer dans la mythologie de la phrase toute faite, dans le culte des clichés enfilés comme des perles les uns à la suite des autres. Des répliques comme :

    " - Tu aimes la pluie ?
    - Non, j'aime pas trop tout ce qui est humide et froid. "

    Ou encore ...

    " - Et voila que le lion s'est finalement épris de l'agneau.
    - Comme l'agneau est stupide ...
    - Et comme le lion est masochiste ..."

    Autre nouveauté : au soleil le vampire ne brûle pas, non, sa peau se met à scintiller de milles feux, "comme des diamants" nous dit l'exquise Bella, emerveillée devant la beauté irréaliste de ce corps qui étincèle, du front jusqu'au ventre dessiné par une chemise à demi ouverte. Ce qui donne l'occasion à Edward de nous donner un apperçu de son talent d'acteur indéniable, à base de " Je suis un monstre, j'ai été créé pour te séduire, de mon corps jusqu'à mon odeur. Comme si tu pouvais m'échapper (il saute autour d'elle de collines en collines avec une rapidité inhumaine), comme si tu pouvais me vaincre (il arrache du sol la racine gigantesque d'un arbre) ". Belle performance ...

    Plus de cercueil et de maison mysterieuse. La jolie maison toute carrée de cette famille un peu particulière semble elle aussi être tout droit sortie d'un catalogue de meubles designs. Chaque moment du film où le spectateur frémit dans le noir en se laissant aller à la beauté triste de l'instant où ces amoureux se rapprochent et se cherchent, se heurtant à l'impossibilité cruelle de leur relation est gaché par des dialogues tellement stupides et téléphonés que la seul sensation qui nait au fond du ventre est un rire incontrolable. Nous avons finalement passé  un si bon moment à rire dans le noir et ensuite dehors, en se refaisant les répliques les plus ridicules du film que nous nous sommes promis de revenir pour le prochain, avec l'espoir d'une récolte de niaiserie et de mivrerie aussi importante que celle-ci. Heureusement, il reste trois films à venir pour renouveler le plaisir.

    En conclusion, le seul intérêt de ce film est la beauté de son acteur principal et la traduction desastreuse des dialogues. Je pense qu'il faut tout de même s'estimer heureux : certains n'arrivent parfois même pas à réunir ça ...


    votre commentaire
  • Je ne dors pas. Je sens en moi le tourbillon incompréhensible d'une angoisse qui ne dit pas son nom.
    J'ai peur.

    votre commentaire

  •  

    Je voletais dans les ténèbres
    A l'allure d'un convoi funèbre,
    Je goûtais l'air de la nuit,
    Je ramais sans faire de bruit
    Dans l'épaisseur du silence,
    Lorsque je fus ébloui
    Par une chaude incandesence
    Qui émanait d'un beau fruit.

    Ma mère m'avait prévenu :
    "Méfie-toi des ampoules nues,
    Ne t'approche pas de ces globes
    Qui mettront l'feu à ta robe.
    Les papillons insomniaques
    Y trouvent un aphrodisiaque,
    La mort est au rendez-vous,
    Au mieux tu deviendras fou."

    "Ne va pas te consumer
    Pour une de ces allumées."
    Ma mère m'avait dit : "Pégase,
    L'amour, ça n'est que du gaz.
    Tu es un être nocturne,
    Adorateur de la lune
    Et des éclairages pâles
    Que prodiguent les étoiles."

    Mais en voyant cette blanche
    Et le dessin de ses hanches
    Dans une auréole blonde,
    J'ai fait mes adieux au monde,
    A la lune vagabonde,
    Belle comme une femme amoureuse,
    A ma raison qui me gronde :
    "C'est ta tombe que tu creuses".

    Je voletais dans les ténèbres
    A l'allure d'un convoi funèbre,
    Je goûtais l'air de la nuit,
    Je ramais sans faire de bruit
    Dans l'épaisseur du silence,
    J'ai vu ma vie défiler
    Jusqu'au jour de ma naissance
    Lorsque l'ampoule a grillé.

     

     


    votre commentaire